mardi 15 mars 2016

En trois ans aux prises de l'anxiété et quelques mois de la dépression, j'ai énormément changé. Je ne parviens pas toujours à me reconnaître, que ce soit mentalement ou physiquement...
Mentalement je suis passée de la super fêtarde toujours partante à faire à peu près n'importe quoi, à quelqu'un pour qui l'idée d'une soirée parfaite c'est un paquet de popcorn et une saison d'Orange is the new black et surtout... personne...
Le matin quand je promène mon chien j'espère souvent ne rencontrer personne pour ne pas avoir à parler à des gens... Je me reconnais à présent dans les descriptions d'introvertis... Le suis-je devenue?
La présence de proches me manque... Mais je préfèrerai importer les miens plutôt que de m'en faire de nouveaux... Cette dernière solution impliquerait que je sorte de chez moi, que je fasse des efforts pour apprendre à connaître quelqu'un, relancer des invitations, et sortir, le plus difficile... Alors je le fais pas... Puis avec qui le ferais-je de toutes façons?
Je sais que pour l'instant sortir est toujours problématique alors les nouveaux amis ça devra attendre... Tout comme la carrière... Et tout comme apparemment la perte de poids... Car malgré le fait que je fasse super attention à ce que je mange je ne semble pas perdre un gramme... Alors je suis le plus grosse que j'ai jamais été et sans amis et sans travail...Et c'est comme ça et il faut que je l'accepte...
Voila... C'est super...
Ca fait maintenant quatre mois et même si je vois des progrès, les "rechutes" sont nombreuses... J'en ai marre je suis frustrée je suis fatiguée...
Je ne sais plus qui je suis...
J'avance toujours à tatons en ayant besoin de me cacher dans le placard de temps en temps (c'est une image bien sûr parce qu'un placard c'est bien le dernier des endroits où je me sentirai en sécurité)...
Ma psy voudrait que j'avance dans la bataille contre mes angoisses en cherchant à les braver petit à petit... Mais je n'arrive toujours pas à fonctionner correctement... Depuis notre dernier rendez vous je suis repassée en mode triste et démotivée...
Je suis fatiguée...
Tellement fatiguée...

samedi 5 mars 2016

Papa m'aime pas...



Cette nuit j'ai rêvé de mon géniteur... J'ai rêvé que mon frère et moi nous étions réconciliés avec lui et qu'on passait du temps ensembles depuis quelques semaines, quelques mois...
J'ai rêvé de mon père tel qu'il est dans mes souvenirs de jeune fille de 17ans et non comme je l'ai revu à l'audience quelques années plus tard.
Evidemment nos retrouvailles ne se passaient pas bien puisqu'il n'avait pas changé...
En gros, j'ai rêvé que je criais sur mon père, que je lui assénais enfin ses quatre vérités, son incompétence en tant père, son "hillbillysation", son égocentrisme, sa médiocrité navrante, son échec sur le simple fait d'être humain...
Je n'ai jamais eu l'occasion de dire à mon géniteur le peu que je pense de lui...
Est-ce que cela me soulagerait? Est-ce que je voudrais pouvoir le blesser avec mes mots? Le faire culpabiliser?
J'ignore tout de sa vie à présent, je sais s'il est heureux ou malheureux, malade ou en bonne santé, toujours un alcoolique et/ou toujours un enculé...
Parfois je me dis qu'il s'en est trop bien sorti... Qu'il a gagné puisqu'il n'a plus rien à nous payer et qu'il s'est débarassé de nous...
Parfois je voudrais qu'il paie...
Parfois je voudrais que ce soit moi qui lui fasse du mal, parfois je voudrais que ce soit la vie...
Est-ce que je devrais le contacter du haut de mes presque trente années pour lui dire combien je le méprise et combien je le hais?
Qu'est ce que cela changerait?
Ce n'est sûrement pas lui qui se réveille en sursaut parce que je suis apparue dans ses songes...
Je n'ai pas de père...
Et cela ne changera jamais....

mercredi 2 mars 2016

At last I see the light

Il semblerait que ces dernières semaines j'ai fait pas mal de progrès concernant ma dépression et mon anxiété. Je me challenge en me forçant à faire des choses que je ne pense pas forcément être capable de faire, et évidemment ça impacte mon moral positivement puisque j'y arrive!
Alors maintenant, le truc c'est qu'il ne faut pas que je me croie guérie, prête, insummersible parce que ça fait deux semaines que je n'ai pas pleuré! C'est là le piège. Il faut que je me souvienne que je suis toujours malade, et ce n'est pas parce que je parviens à aller au cinéma que je suis prête à passer la soirée en boîte ou à pousser des "aaaaah" dans un grand huit.
C'est frustrant.
Ces dernières semaines j'entrevois de nouveau une vie normale, mais elle est encore loin, et j'ai encore du travail sur moi à faire.
J'ai beaucoup de projets agréables à venir (mes loulous qui viennent pour mon anniversaire, notre première année à fêter, un week end à Bruges, une semaine à Belvès, un nouveau tatouage...) et je me motive quotidiennement dans mon apprentissage du Dutch et du piano.
Je sais qu'il est possible que tout retombe comme un soufflet, et que je ne devrais pas me décourager, il parait que je vais y arriver. Alors on respire et tant pis si ça va faire quatre mois que je suis à la maison, ça prendra le temps que ça prendra, mais un jour je redeviendrai normale, je ne serai plus malade...
Un jour...

mardi 23 février 2016

Il y aussi des jours comme ça...

Ma dépression ce n'est pas résumer ma vie en une image: moi en pyjama qui pleure sur mon canapé sans savoir pourquoi en caressant mon chat et/ou mon chien.
Il y a des jours où je me sens presque normale.
Il y a des jours, comme hier, où je me sens un peu plus énergique que d'habitude. J'ai quand même les yeux qui brûlent en début d'après midi mais pour une raison que j'ignore, mon corps décide d'ignorer ce sentiment d'extrême fatigue et me pousse vers une activité: promenade, piano, mes leçons...
Il y a des jours où j'ai envie de sortir, où j'ai envie que la femme aux pugs m'invite à prendre le thé, où j'ai envie d'avoir des gens qui viennent dîner à la maison, d'aller prendre un verre en terrasse...
Hier, dans un de ces jours là, j'ai fait une surprise à mon homme en l'emmenant voir le dernier Tarantino au cinéma. Le cinéma... Un moment que je redoutais beaucoup (le noir, le monde, l'absence de fenêtre, de sortie immédiate vers le monde extérieur...) mais qui s'est passé beaucoup plus facilement que prévu... Pas besoin de bonbon magique, ni d'exercice de respiration... Une légère boule au ventre en rentrant dans le multiplex, mais c'est passé tout seul...
Il y a des jours comme ça où je me dis que je suis sur la bonne voie, où j'ai envie de me féliciter d'avoir réussi à faire quelque chose que tous les gens normaux peuvent faire sans problème. Il y a des jours où j'entrevois de nouveau le fait que toutes ces choses que j'appréhende pourraient être de nouveau plaisantes...
Il y a des jours où je pourrai presque dire que ça va.

jeudi 18 février 2016

Ma vie en slow motion

J'avais conscience que ma vie sociale tournait au ralenti, mais c'est également ma vie sentimentale...
On a annulé le Hellfest : trois jours entiers de festivités, de concerts métal, de monde fou... Ca ne me semblait pas être la meilleure option pour passer le cap de mes 30ans.
Le mois prochain, nous avions prévu le concert de Muse, un concert que mon homme attend avec impatience... Un concert au Ziggo Dome d'Amsterdam (pour ceux qui ne connaissent pas c'est l'équivalent de Bercy), avec des drônes, un concert super cher... Un concert qui me terrorisait...
A moins d'un mois de la date je n'arrive toujours pas à aller au cinéma, alors comment envisager que je pourrai être ok dans une grande salle noire debout entourée de gigantesques hollandais avec de la musique super forte (quand entendre un vynle chez moi trop fort me donne littéralement le tourni), avec des effets de lumières et de drônes...
Hier j'ai enfin eu le courage de lui en parler... Non c'était pas du courage... Je n'en pouvais plus d'appréhender chaque fois qu'on abordait le sujet "Muse"... Je voyais son enthousiasme alors que j'étais pétrifiée à l'intérieur...
Donc je n'irai pas. Il ira avec un ami. Parce que je veux qu'il y aille, je veux qu'il en profite. Je veux pas qu'il passe son concert à se demander si je vais bien, ni qu'il en rate une miette parce que je me sens pas bien.
Je ne suis pas ma maladie... Je ne suis pas ma maladie...
Il continue de me le dire... J'ai du mal à l'accepter..
Ca fait tellement de temps que je ne suis plus moi... C'est quoi déja moi?
Je commence à me rendre compte de tout ce que je perds, de tout ce que je rate, que la vie continue d'avancer pour tout le monde sauf pour moi.
C'est dur de regarder passer le tapis roulant de la vie sans pouvoir y accéder...
On va se battre, tu vas t'en sortir, tu iras mieux tu verras...
J'ai du mal à y croire...
Je suis tellement en colère...
J'en ai tellement marre...
Au moment de ma vie où enfin je pouvais être heureuse faut que ça me tombe sur la gueule...
Putain de maladie à laquelle personne ne croit vraiment...
Peut-être que j'ai du mal à croire aussi que tout ça c'est pas ma faute... Que si je pleure sans raison c'est pas parce que je suis pathétique mais parce que je suis malade... Que je ne suis pas une loseuse mais que je suis malade...
Je m'en veux de ne pas pouvoir maîtriser ma tête comme je le faisais d'habitude quand j'étais triste... Un coup de pied aux fesses et ça repart...
Je m'en veux d'être là à geindre... a être inutile...
Je m'en veux de ne rien pouvoir faire...
Faut être patient...
J'ai jamais su être patiente...
J'en ai juste marre...

mercredi 10 février 2016

C'est quoi ma dépression?

C'est quoi la dépression?

Comment expliquer cette maladie à ceux qui ne la connaissent pas?
Je ne suis pas psy, je n'ai pas fait de recherche sur le sujet, je suppose que je peux juste expliquer ce qu'est MA dépression...

Déja, quasiment chaque matin je me réveille épuisée. Parce que ma nuit a été hantée de cauchemars et/ou de réveil(s) en sursaut, et/ou d'insomnie(s)...
Trouver la motivation de me glisser sous la douche et d'aller promener mon chien me demande un effort incommensurable. En comparaison, imaginez votre pire gueule de bois et associez à cela le fait que vous êtes ado, que vous venez de faire une fête de folie dans l'appart de vos parents et qu'il vous faut tout ranger avant qu'ils reviennent...
En général, après la promenade du chien je bénéficie d'une heure ou deux où "ça va"... C'est à dire que je ne me sens pas extenuée, ni trop triste, j'en profite en général pour faire ce qui doit être fait (les courses, l'administratif, le ménage, la lessive, etc...).
Puis, vient l'après-midi. Et avec, son épuisement des bras duquel j'ai un mal fou à m'extirper... Pareil, on ne parle pas de petit coup de pompe où on se dit qu'on aimerait bien faire la sieste, mais d'une sensation physique et mentale, d'une chape de plombs qui me tombe sur les épaules et la tête, me clouant à mon canapé, mes yeux me brûlent, je ne peux absolument pas me concentrer sur quoi que ce soit... Seulement le sommeil ne vient pas... Comme lors de mes insomnies, si j'essaie de m'endormir, de me délester un tant soit peu de cette fatigue, alors ça tourne en rond dans ma tête, comme les magic 8 balls, seulement à l'intérieur c'est rempli de mauvais souvenirs, et j'ai beau secouer ma tête dans tous les sens, y en a toujours un qui remonte, et c'est jamais "repose la question". Des souvenirs importants, insignifiants, lointain, récents, mais tous mauvais mauvais mauvais...
Alors parfois, après cette piètre tentative de repos, je me lève toujours épuisée et je pleure... Et je pleure... Et je pleure...
Pourquoi je pleure? Pourquoi je me sens comme ça? Pourquoi je suis en dépression? Tout ça je n'en sais rien, malgré ce que mon entourage semble vouloir pour moi ("Mais ta psy elle te dit pas que...?" "Mais vous travaillez pas sur...?")...
Ce que je sais c'est que dans ces moments là on n'est pas dans un petit coup de mou de "jsaispascquej'ai" comme disait Gad Elmaleh... C'est une vague de desespoir qui vous a pris sur la plage et vous emmène au large... Dans ces moments là, tout ce que je sais c'est que je suis emportée... Pour combien de temps? Pour aller où? Vais je être échouée de nouveau sur la rive ou va-t'elle m'emporter? Ce sont des questions qui me semblent à ce moment très légitime...
Dans ma dépression ce n'est pas quelque chose de particulier qui me rend triste, c'est ma propre situation... Je suis triste parce que je suis triste... Triste... Quel euphémisme...
Je me sens désespérée, je ne comprends pas pourquoi je me sens comme ça, pourquoi je n'arrive pas  faire tout ce que les gens "normaux" peuvent faire sans que cela leur demande le moindre effort... Je m'en veux de ne pas y arriver... De ne pas pouvoir me forcer... De ne pas toujours réussir à tenir les buts que je m'étais fixée pour ma journée, des buts qui, pour des personnes bien portantes, sembleront probablement incongrus et très faciles à tenir... Parce que pour moi, mes buts de la journée c'est simplement: deux sorties par jour + une activité à la maison. Donc en résumé c'est promener mon chien et "tenir" le plus longtemps possible dehors, ressortir en début d'après midi pour les courses, la psy, acheter quelque chose, et à la maison faire du ménage, une lessive, des retouches sur photoshop, quelque chose qui me fait dire qu'aujoud'hui j'ai fait quelque chose... Tout ca combiné chez une personne normale ça devrait prendre deux-trois heures max... Pour moi c'est toute une journée d'efforts mentaux et physiques, de lutte contre moi-même pour y arriver... Et je ne crie pas victoire tous les jours...
Parfois, my dark passenger s'empare de moi avant que j'ai pus finir... La vague m'emporte loin loin loin...
Et là, loin de la berge et au milieu de la mer, je me dis que je ne m'en sortirai jamais... Je me dis que ça ne sert à rien d'essayer, que si je me débats je vais juste être épuisée plus rapidement, que le courant est trop fort, que je ne peux pas lutter, qu'il m'emportera quoi qu'il arrive... Et j'ai peur... Mais en même temps je ferai n'importe quoi pour que la douleur, pour que le mal-être cesse...
Je sais que dans mon malheur j'ai la chance d'être épaulée par un homme merveilleux (enfin). Seulement je trouve ça injuste qu'il ait à gérer ça avec moi... C'est bizarre parce que quand quelqu'un tombe malade, une maladie physique que tout le monde peut voir, comme un cancer ou pour voir plus petit, une grippe, tout le monde (et même moi) trouve normal que l'autre soit là et s'occupe de sa moitié... Avec les problèmes mentaux, on dira qu'il ne doit pas s'emmerder avec ça, que l'autre est trop "messed up", qu'il devrait s'enfuir, laisser tomber, que ça n'en vaut pas la peine...
Mon homme à moi il reste... Et non seulement il reste mais il fait tout ce qu'il peut pour que je sois le moins triste possible... Et moi je continue à me dire que le mieux pour lui ce serait qu'il s'enfuisse, qu'il ne mérite pas ça, et quand je suis dans le creux de la vague, je le crois vraiment...

Alors ma dépression c'est quoi?
Une inconsistance de sentiments, de désirs et d'émotions...
Un mal-être brutal et ardent qui se manifeste quand il en a envie, ce qui fait que pour beaucoup, je ne suis pas malade, je pleurniche, je joue ma victime, je trouve un pretexte pour ne pas travailler...
Une fatigue constante, une absence de plaisir, un ennui permanent...
Et l'impression que ça ne partira jamais...
Peu importe ce que je fais...

mardi 2 février 2016

Le débonheur

On dit souvent que le malheur est source d'inspiration, et qu'on n'a rien à écrire quand on est heureux...
Qui a t'il à écrire également sur le malheur?
Malheur, je n'aime pas ce mot... Je préferai en utiliser un autre, comme débonheur... Parce que malheur ça sous-entend qu'il vous arrive plein de catastrophes, alors qu'on peut n'avoir aucun problème et être tout de même malheureux...
Alors qu'écrire sur mon débonheur?
Qu'écrire quand ma vie est toujours la même : je me lève, je prends mon petit déjeuner, je sors mon chien, j'essaie de m'activer à faire quelque chose d'utile, quelque chose qui aura donné un but, un sens à ma journée, je déjeune, j'essaie de faire une sieste, puis de trouver une autre activité avant le retour de mon homme...
Je ne parle quasiment à personne. Avoir des interactions sociales s'avère épuisant pour moi. Même si on en a parlé, on va commencer à avoir des invités, on va commencer à essayer...
J'aime le fait que mon homme me motive, qu'il sache ce que c'est, qu'il sache comment réagir... Je sais que je ne peux pas attendre la même chose des gens qui ne connaissent pas la dépression, mais je suis déçue de ne pas constater ce même comportement de la part de ceux qui savent...
Donc je ne sors presque pas, je ne vois personne, je ne fais rien, et je ne vais pas bien...
Un roman palpitant...
Parfois j'ai peur de rester comme ça pour toujours... Comme si ce qui s'était cassé en moi ne se réparerait jamais...
Parfois j'ai peur de ne pas me reconnaître quand je serai réparée, j'ai parfois l'impression que la dépression a ouvert une porte vers un autre monde que je ne pourrai pas ignorer une fois qu'elle sera refermée...
Parfois j'ai peur qu'un jour, j'arrêterai  de me battre... C'est tellement difficile... Se battre contre la dépression c'est comme être englué dans des sables mouvants et essayer d'avancer quand même... Parfois c'est contre productif : il y a des jours où il faut se laisser aller, où il faut pleurer pleurer pleurer, où il faut que ça sorte et ne pas se forcer... Alors qu'il y a des jours où on doit faire avec l'engluement et se pousser... Ce n'est pas facile de reconnaître quel jour on est...
J'ai parfois l'impression de me battre dans le vide... Sans connaître le but...
Ca fait trois ans et demi que je me bats... Et je suis très fatiguée...
Très très fatiguée...
Alors qu'écrire sur ma dépression?
C'est peut être la plus ennuyeuse des maladies...