lundi 7 novembre 2016

Un an après ça donne ça

J'ai laissé passer beaucoup de temps sans écrire. Ni ici, ni dans mon journal.
Pendant plusieurs mois, mes journées se sont suivies et ressemblées... Pas (ou peu) de jours de détresse, pas (ou peu ) de crises d'angoisse...
Un pas à la fois, on continue à aller au cinéma, à prendre le train avec mon homme ou l'un de mes chiens, de temps en temps on est un peu social...
En toute honnêteté il n'y avait pas là grand chose à raconter... Les jours ne différaient pas beaucoup les uns des autres... Je menais doucement ma barque fragile sur la rivière de ma vie à travers ses petits obstacles...
Petit à petit j'ai repris une activité professionnelle, je me suis lancée dans le pet sitting. Je sais que ça peut paraître surprenant pour une diplômée en lettres modernes et éditions, mais ça me permet d'être dehors, beaucoup, de faire du vélo, de me promener, de faire des câlins à des petites boules de poils adorables, de ne pas avoir de patron, de gérer mon emploi du temps comme je veux...
Quand j'étais petite, moi a gamine parisienne je disais que je voulais avoir une ferme ou un ara... Et puis quand on travaille bien à l'école on reste dans une filière "normale"... On essaie l'art, pourquoi pas... Puis on se rend compte que l'art, c'est passer beaucoup plus de temps à satisfaire des commandes médiocres, à négocier des tarifs, et courir après des clients... On retourne à l'université, on étudie les livres, parce qu'on aime ça les livres... J'y ai passé trois années très intéressantes, j'ai des souvenirs de cours très vivides, j'y ai appris beaucoup de choses... Mais ça ne m'a pas préparée à passer mes journées enfermée dans un bureau, sans cesse avec les mêmes personnes, à subir les caprices de chefaillons aigris...
Arrivée ici, j'ai travaillé en support clientèle parce que c'est ce que tout le monde fait, parce que c'est facile d'y entrer, parce qu'on rencontre pleins de gens, qu'il y a une atmosphère de lycée...
Puis un autre poste plus proche de mes goûts, de ma façon de travailler...
Et le burn out... Le maudit burn out...
Après plus d'un an, je crois que j'ai enfin compris et accepté pas mal de choses sur moi même...
Depuis que mon dark passenger m'a frappée de plein fouet il y a quatre ans de cela, ma vie a radicalement changé. Pas seulement parce que j'ai déménagé au pays des fromages tout ronds, mais parce que je ne pouvais bien évidemment plus avoir la même vie de fêtarde invétérée qu'autrefois.
Pendant 4 ans, je me suis acclimatée d'une vie pas faite pour moi en rêvant, soupirant, espérant, attendant, de pouvoir revenir à ma vie d'avant...
Et puis l'année dernière est arrivée.
Le burn out est arrivé.
Pour beaucoup de personnes, l’anxiété, la dépression, le burn out, ce ne sont pas des vrais maladies, et qu'on ferait bien de se remuer, que la vie c'est pas du gâteau (comme disait Mano Solo), et que si on s'effondre à la moindre contrariété grand Dieu on ne va jamais y arriver...
Il m'a fallu du temps pour accepter que mon anxiété fait partit de moi. Que c'est une maladie, qu'elle doit être traitée, qu'il y a des moments où elle se fera sentir plus que d'autres. Il m'a fallu du temps pour comprendre et accepter que je ne reviendrai pas à ma vie d'avant.
Le plus étonnant pour moi c'est de réaliser (très) récemment que je n'ai de toutes façons aucune envie de retourner à ma vie d'avant! Et que si celle-ci m'a menée à un burn out c'est bien que je ne la vivais pas de la bonne manière...
Ma vie aujourd'hui est beaucoup beaucoup plus simple qu’auparavant.
Je recommence doucement à me faire des amis, des gens avec lesquels je ne me pose pas de questions, avec lesquels je prends plaisir à boire un café sans me demander ce que ça veut dire.
Je me suis dirigée vers un métier beaucoup plus simple, mais infiniment moins stressant, qui me plait, qui me donne de nouveau un but, une raison de me lever la matin, et sans traîner les pieds.
Dans mon temps libre je profite de ma solitude, je lis, et avec mon homme on fait des projets, on fait nos sorties, on fait notre vie.
Aujourd'hui je n'ai plus envie de soirées en boîte jusqu'à 6heures du matin, de beuveries, de grandes fêtes à la maison... Je ne dis pas que je ne le ferai plus, mais ça ne fait plus partie de mon idée d'un bon week end... Sortir dans les bois (la plage, le parc, selon les saisons...) avec mon homme et les chiens, un ciné, une soirée pizza, un verre ou un dîner avec un ou deux couples d'amis... C'est ça maintenant pour moi le week end parfait. Et ça tombe bien parce que c'est ce qu'on fait.
Il y a encore beaucoup d'obstacles sur mon chemin mais je suis confiante.
Cette année 2016 j'ai fait un énorme travail sur moi et je suis satisfaite du résultat, je suis satisfaite de moi.
Je crois que je suis presque reconnaissante à la vie d'avoir fait ce burn out. Comme quoi il faut savoir tomber de haut, échouer, pour se relever et choisir une autre direction, meilleure pour soi.