mardi 2 février 2016

Le débonheur

On dit souvent que le malheur est source d'inspiration, et qu'on n'a rien à écrire quand on est heureux...
Qui a t'il à écrire également sur le malheur?
Malheur, je n'aime pas ce mot... Je préferai en utiliser un autre, comme débonheur... Parce que malheur ça sous-entend qu'il vous arrive plein de catastrophes, alors qu'on peut n'avoir aucun problème et être tout de même malheureux...
Alors qu'écrire sur mon débonheur?
Qu'écrire quand ma vie est toujours la même : je me lève, je prends mon petit déjeuner, je sors mon chien, j'essaie de m'activer à faire quelque chose d'utile, quelque chose qui aura donné un but, un sens à ma journée, je déjeune, j'essaie de faire une sieste, puis de trouver une autre activité avant le retour de mon homme...
Je ne parle quasiment à personne. Avoir des interactions sociales s'avère épuisant pour moi. Même si on en a parlé, on va commencer à avoir des invités, on va commencer à essayer...
J'aime le fait que mon homme me motive, qu'il sache ce que c'est, qu'il sache comment réagir... Je sais que je ne peux pas attendre la même chose des gens qui ne connaissent pas la dépression, mais je suis déçue de ne pas constater ce même comportement de la part de ceux qui savent...
Donc je ne sors presque pas, je ne vois personne, je ne fais rien, et je ne vais pas bien...
Un roman palpitant...
Parfois j'ai peur de rester comme ça pour toujours... Comme si ce qui s'était cassé en moi ne se réparerait jamais...
Parfois j'ai peur de ne pas me reconnaître quand je serai réparée, j'ai parfois l'impression que la dépression a ouvert une porte vers un autre monde que je ne pourrai pas ignorer une fois qu'elle sera refermée...
Parfois j'ai peur qu'un jour, j'arrêterai  de me battre... C'est tellement difficile... Se battre contre la dépression c'est comme être englué dans des sables mouvants et essayer d'avancer quand même... Parfois c'est contre productif : il y a des jours où il faut se laisser aller, où il faut pleurer pleurer pleurer, où il faut que ça sorte et ne pas se forcer... Alors qu'il y a des jours où on doit faire avec l'engluement et se pousser... Ce n'est pas facile de reconnaître quel jour on est...
J'ai parfois l'impression de me battre dans le vide... Sans connaître le but...
Ca fait trois ans et demi que je me bats... Et je suis très fatiguée...
Très très fatiguée...
Alors qu'écrire sur ma dépression?
C'est peut être la plus ennuyeuse des maladies...

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