mercredi 10 février 2016

C'est quoi ma dépression?

C'est quoi la dépression?

Comment expliquer cette maladie à ceux qui ne la connaissent pas?
Je ne suis pas psy, je n'ai pas fait de recherche sur le sujet, je suppose que je peux juste expliquer ce qu'est MA dépression...

Déja, quasiment chaque matin je me réveille épuisée. Parce que ma nuit a été hantée de cauchemars et/ou de réveil(s) en sursaut, et/ou d'insomnie(s)...
Trouver la motivation de me glisser sous la douche et d'aller promener mon chien me demande un effort incommensurable. En comparaison, imaginez votre pire gueule de bois et associez à cela le fait que vous êtes ado, que vous venez de faire une fête de folie dans l'appart de vos parents et qu'il vous faut tout ranger avant qu'ils reviennent...
En général, après la promenade du chien je bénéficie d'une heure ou deux où "ça va"... C'est à dire que je ne me sens pas extenuée, ni trop triste, j'en profite en général pour faire ce qui doit être fait (les courses, l'administratif, le ménage, la lessive, etc...).
Puis, vient l'après-midi. Et avec, son épuisement des bras duquel j'ai un mal fou à m'extirper... Pareil, on ne parle pas de petit coup de pompe où on se dit qu'on aimerait bien faire la sieste, mais d'une sensation physique et mentale, d'une chape de plombs qui me tombe sur les épaules et la tête, me clouant à mon canapé, mes yeux me brûlent, je ne peux absolument pas me concentrer sur quoi que ce soit... Seulement le sommeil ne vient pas... Comme lors de mes insomnies, si j'essaie de m'endormir, de me délester un tant soit peu de cette fatigue, alors ça tourne en rond dans ma tête, comme les magic 8 balls, seulement à l'intérieur c'est rempli de mauvais souvenirs, et j'ai beau secouer ma tête dans tous les sens, y en a toujours un qui remonte, et c'est jamais "repose la question". Des souvenirs importants, insignifiants, lointain, récents, mais tous mauvais mauvais mauvais...
Alors parfois, après cette piètre tentative de repos, je me lève toujours épuisée et je pleure... Et je pleure... Et je pleure...
Pourquoi je pleure? Pourquoi je me sens comme ça? Pourquoi je suis en dépression? Tout ça je n'en sais rien, malgré ce que mon entourage semble vouloir pour moi ("Mais ta psy elle te dit pas que...?" "Mais vous travaillez pas sur...?")...
Ce que je sais c'est que dans ces moments là on n'est pas dans un petit coup de mou de "jsaispascquej'ai" comme disait Gad Elmaleh... C'est une vague de desespoir qui vous a pris sur la plage et vous emmène au large... Dans ces moments là, tout ce que je sais c'est que je suis emportée... Pour combien de temps? Pour aller où? Vais je être échouée de nouveau sur la rive ou va-t'elle m'emporter? Ce sont des questions qui me semblent à ce moment très légitime...
Dans ma dépression ce n'est pas quelque chose de particulier qui me rend triste, c'est ma propre situation... Je suis triste parce que je suis triste... Triste... Quel euphémisme...
Je me sens désespérée, je ne comprends pas pourquoi je me sens comme ça, pourquoi je n'arrive pas  faire tout ce que les gens "normaux" peuvent faire sans que cela leur demande le moindre effort... Je m'en veux de ne pas y arriver... De ne pas pouvoir me forcer... De ne pas toujours réussir à tenir les buts que je m'étais fixée pour ma journée, des buts qui, pour des personnes bien portantes, sembleront probablement incongrus et très faciles à tenir... Parce que pour moi, mes buts de la journée c'est simplement: deux sorties par jour + une activité à la maison. Donc en résumé c'est promener mon chien et "tenir" le plus longtemps possible dehors, ressortir en début d'après midi pour les courses, la psy, acheter quelque chose, et à la maison faire du ménage, une lessive, des retouches sur photoshop, quelque chose qui me fait dire qu'aujoud'hui j'ai fait quelque chose... Tout ca combiné chez une personne normale ça devrait prendre deux-trois heures max... Pour moi c'est toute une journée d'efforts mentaux et physiques, de lutte contre moi-même pour y arriver... Et je ne crie pas victoire tous les jours...
Parfois, my dark passenger s'empare de moi avant que j'ai pus finir... La vague m'emporte loin loin loin...
Et là, loin de la berge et au milieu de la mer, je me dis que je ne m'en sortirai jamais... Je me dis que ça ne sert à rien d'essayer, que si je me débats je vais juste être épuisée plus rapidement, que le courant est trop fort, que je ne peux pas lutter, qu'il m'emportera quoi qu'il arrive... Et j'ai peur... Mais en même temps je ferai n'importe quoi pour que la douleur, pour que le mal-être cesse...
Je sais que dans mon malheur j'ai la chance d'être épaulée par un homme merveilleux (enfin). Seulement je trouve ça injuste qu'il ait à gérer ça avec moi... C'est bizarre parce que quand quelqu'un tombe malade, une maladie physique que tout le monde peut voir, comme un cancer ou pour voir plus petit, une grippe, tout le monde (et même moi) trouve normal que l'autre soit là et s'occupe de sa moitié... Avec les problèmes mentaux, on dira qu'il ne doit pas s'emmerder avec ça, que l'autre est trop "messed up", qu'il devrait s'enfuir, laisser tomber, que ça n'en vaut pas la peine...
Mon homme à moi il reste... Et non seulement il reste mais il fait tout ce qu'il peut pour que je sois le moins triste possible... Et moi je continue à me dire que le mieux pour lui ce serait qu'il s'enfuisse, qu'il ne mérite pas ça, et quand je suis dans le creux de la vague, je le crois vraiment...

Alors ma dépression c'est quoi?
Une inconsistance de sentiments, de désirs et d'émotions...
Un mal-être brutal et ardent qui se manifeste quand il en a envie, ce qui fait que pour beaucoup, je ne suis pas malade, je pleurniche, je joue ma victime, je trouve un pretexte pour ne pas travailler...
Une fatigue constante, une absence de plaisir, un ennui permanent...
Et l'impression que ça ne partira jamais...
Peu importe ce que je fais...

2 commentaires:

  1. Ma femme a connu ça à la suite d'un burn-out. Ca n'a pas été facile ni pour elle ni pour moi, mais elle a réussi à s'en sortir grâce à son psy et surtout à une reconversion professionnelle (son travail la minait trop psychologiquement).

    Tout ce que je peux te dire c'est courage, et tu as de la chance d'avoir un homme merveilleux qui partage ça avec toi.

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  2. Merci pour ton message Yann.
    c'est la même chose pour moi, une "tendance" à l'anxiété, un burn out et paf! Je pense également qu'une reconversion professionnelle sera indispensable lorsque je pourrai entrevoir un retour au travail.
    Je suis contente de voir qu'il y a des exemples qui montrent qu'on peut s'en sortir :)

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